S’il y a une question qui revient très souvent c’est « Comment arrives-tu à vivre des timelapses ? »
Dans cet article, je vais essayer de vous donner quelques conseils et des retours d’expérience pour pouvoir vivre de sa passion, dans ce cas là, la photographie timelapse.

1 – Détermination
Cela fait maintenant 7 ans que j’ai commencé la photographie timelapse. En 2011 et 2012, quand j’étais encore sur Angers, je réalisais des timelapses pour m’amuser et partager ma belle ville avec le reste d’Internet.
Mais quand je suis arrivé sur Los Angeles, je me suis consacré à mon stage en tant que monteur vidéo pendant quelques mois et ai complètement arrêté les timelapses. Un jour, la compagnie dans laquelle je travaillais, avait besoin de stock footage, des clips vidéos pour illustrer un projet. En faisant quelques recherches sur Internet, je suis tombé sur Videohive. Ce site vend des stock vidéos créés par des artistes du monde entier comme vous et moi.
Un beau jour d’Août 2013, je décide d’aller faire mon premier timelapse de Downtown Los Angeles. Pendant le tournage qui prenait environ 20 min (4 secondes de vitesse et 7 secondes d’intervalle – et oui je me rappelle), il m’est venu une idée ! Et pourquoi je ne vendrais pas mes timelapses sur Videohive ?
J’ai donc commencé par mettre en ligne mes premiers timelapses et rapidement ont suivi les premières ventes. De voir que les gens achetaient mon travail m’a donné beaucoup de détermination pour continuer à tourner et mettre en ligne les clips que je créais. Tout s’est accéléré très vite, car j’ai ensuite découvert des sites similaires, appelés marketplaces, à Videohive comme Pond5, Shutterstock ou Videoblocks (aujourd’hui Storyblocks) qui offrent la même chose et permettent aux artistes de vivre de leur passion.
En 2015, j’ai décidé de quitter mon travail de monteur vidéo en freelance, et de me consacrer aux timelapses à plein temps. J’ai donc commencé à en tourner plus, à developper ma chaine Youtube qui m’a permis de me faire connaitre et par la suite de créer des cours en ligne pour apprendre la technique.
7 ans après avoir commencé dans le milieu, j’ai créé plus de 700 clips à travers tous les États-Unis et la France que je vends sur ces sites là et qui me font vivre chaque mois. Mais avoir 700 clips en ligne sur 6 sites différents ne suffit pas du tout pour vivre des timelapses à plein temps.

2 – Sujet
Une des choses les plus importantes quand vous faites un timelapse ou un hyperlapse est bien évidemment votre sujet. Et bien pour pouvoir vivre à plein temps des timelapses, il faut un sujet précis qui atteint un grand public. Désolé de dire, mais un timelapse de nuages au fond de la campagne dans un pré ne va pas attirer beaucoup de clients sur ces marketplaces.
Les timelapses les plus populaires sur n’importe quel site sont toujours liés à un sujet urbain, généralement les grandes villes, car les clients vont acheter ces clips pour illustrer n’importe quel type d’événement dans la ville concernée. Mes clips les plus populaires viennent de New York et Los Angeles.
FRANCE vs USA : quelle différence ?
Je suis bien conscient que les États-Unis ont également un plus gros marché dans le monde de l’audiovisuel que la France. Le pays est aussi beaucoup plus grand et contient beaucoup plus de cityscapes qui seraient susceptibles de plaire à des clients. Mon portfolio contient les villes de Los Angeles, San Francisco, San Diego, Las Vegas, Miami, New York City et Paris. Ce sont de grandes villes où il se passe beaucoup de choses donc qui attirent forcément un plus grand public et plus de clients comme des filmmakers, créateurs, agents immobilier, boites de marketing ou autres qui auraient besoin d’un clip représentant une de ces villes.
En France, le marché est plus petit et la seule ville ayant beaucoup de potentiel est bien évidemment Paris, car elle a une réputation mondiale. Les autres grandes villes comme Marseille, Bordeaux, Lyon ou Toulouse par exemple n’ont pas énormément de potentiel à l’échelle internationale, ce qui limite le nombre de clients potentiels sur ce genre de plateformes. Mais je vais vous montrer dans la suite de l’article que ces marketplaces ne font pas tout et qu’il est possible de vendre son travail ailleurs.
Voyagez dans toute l’Europe et tourner des timelapses de villes comme Londres, Berlin, Bruxelle, Amsterdam ou encore Rome serait pour moi la meilleure façon d’élargir votre portfolio tout en tournant des timelapses qui intéressent un large public. Un bon moyen de mélanger qualité et quantité avec variété !
3 – Qualité du contenu
La qualité de votre contenu dépassera toujours tout le reste, ou presque. La qualité de vos timelapses déterminera votre style et comment vous êtes vu dans le milieu. Aucun client ne veut d’un timelapse avec du flickering, des taches sur le capteur ou autres dans leur projet.
Prenez le temps de créer de la qualité et vous êtes déjà à 50% sur la route de vivre des timelapses à plein temps. Pour exemple, un de mes timelapses de New York City m’a pris plus de 3 jours pour faire les corrections de couleurs et toute la post-production. À chaque fois que je faisais des petites corrections, un flicker apparaissait dans les nuages. En faisant plusieurs corrections de couleurs différentes pour le ciel et la ville, puis en mélangeant tout ça, j’ai réussi à créer un clip parfait et très joli qui m’a rapporté plusieurs centaines de dollars en quelques semaines seulement après l’avoir mis en ligne.
Il m’était inconcevable de vendre un clip avec du flickering ou non fini !

Dans tous les cas, favorisez la qualité à la quantité, mais mélangez les deux pour être plus visible sur les marketplaces, et tout le reste suivra tranquillement.
4 – Ventes Privées
En plus des marketplaces, il y a ce que j’appelle des ventes privées, des ventes qui se font avec le client par email et Paypal. En général, ces ventes se font grâce à Youtube où le client a vu votre travail et souhaite donc l’utiliser pour un de ces projets.
Bizarrement, j’ai remarqué que la plupart des ventes privées que je fais sont liées à des grosses compagnies comme Google ou LG. Ces deux compagnies sont passées par Youtube et non par les marketplaces. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas présentes sur ces autres sites, mais peut-être qu’elles préfèrent passer directement par l’artiste et non par un site de vente.
Email ne veut pas dire vente.
Je reçois beaucoup d’emails de personnes intéressées par mon travail, mais beaucoup ne donnent jamais suite à mes réponses. Soit ils ne comprennent pas que je fasse payer et ne sont pas content que je ne leur donne pas les clips gratuitement, soit ils n’aiment pas les prix que je leur donne. Cela veut-il dire que mes prix sont trop élevés ?
Non.
Mes prix sont en général basés sur ceux du marché. La plupart de mes clips sont généralement plus bas que ceux des marketplaces car je touche 100% (mais paye des impôts dessus), donc je peux me permettre de baisser les prix. Au final je touche plus que les ventes marketplaces. Mais je choisis parfois des prix différents suivant le temps de travail ou la rareté d’un clip par exemple. Dans ce cas là, je fixe les prix moi même suivant ce que je semble être honnête.
De plus, il faut être fier de son travail ! Je pense créé du contenu de qualité et qui n’est pas commun, j’ai une liste de clients assez importante comme Netflix, Google, LG, ou encore Red Bull. Si un client souhaite mon travail, il devra donc payer le prix que je demande, et souvent beaucoup de gens ne comprennent pas cela. Ils ont une mentalité « c’est sur Youtube, ça devrait être gratuit » ou « c’est des vidéos, je ne vais pas payer pour ça ! » Malheureusement cela arrive trop souvent, et le seul moyen de le faire comprendre est d’expliquer calmement :
– « Je travaille à plein temps dans la photographie timelapse et ne peux me permettre de les donner, voici mes prix, si vous avez des questions n’hésitez pas. »
La plupart du temps je n’ai pas de réponse, mais cela arrive que des clients soient complètement d’accord avec ça et la vente se fait.
Parfois, j’aime bien demander le budget si jamais c’est un particulier, un étudiant, ou une petite entreprise. Si la personne en face est agréable et sympa, je suis prêt à faire un effort pour les aider dans leur projet. En échange d’un prix sympatique, je demande souvent de faire apparaitre mon nom sur leur site ou dans les crédits, ce qu’ils ne sont pas obligé de faire autrement.
Depuis début 2017, je vends également tout mon travail sur mon propre site www.emerictimelapse.com. Cela facilite beaucoup les choses, car j’envoie juste le lien de la ville concernée aux clients et ils peuvent télécharger les clips tout seul et payer en ligne via Paypal ou carte bancaire. Tout est sécurisé !
5 – Réseaux Sociaux
Les réseaux sociaux jouent un rôle très important, c’est le moyen le plus utile pour vous faire connaitre. Pour moi, les deux plus importants sont Youtube et Instagram, suivi de Facebook et enfin Twitter.
Ils permettent de montrer son travail en détail, mais chacun d’une manière différente.
Youtube me permet de poster des tutoriels et mon travail sous la forme de vidéo bien montées.
Instagram me permet de poster mon travail en vidéo ou photo mais seulement par petit bout de quelques secondes, et de filmer des behind-the-scenes grâce aux Stories.
Facebook me permet de poster tout ce que je poste sur Youtube et Instagram, tout en échangeant plus simplement avec les gens.
Twitter me permet de poster mon travail également. Je suis moins fan de ce réseau, mais j’y vois quand même du potentiel donc je n’abandonne pas.
Un de mes derniers tutoriels posté sur Youtube :
6- Les dérivés
Les clips vidéos timelapse sont une chose, mais il faut parfois penser « outside the box« . Pour réussir à vivre des timelapses à plein temps, ce qui est assez difficile avec juste les clips à la vente, il faut créer un univers autour de cela.
Début 2017, j’ai donc créé mes premiers cours complets que je vends sur mon site www.emerictimelapse.com. Ces cours complets sont en général construits sous une forme bien spécifique et qui couvrent un sujet bien précis divisés en plusieurs vidéos, chacune traitant d’un sujet. Il y a des heures de travail derrière chacun pour couvrir chaque point de la leçon.
Il y a aussi des séquences photos données avec le cours ainsi qu’un support complet. Tout cela explique pourquoi ces cours sont payants et non gratuits sur Youtube. Je fais de temps en temps des tutoriels gratuits pour ma chaine, car je pense que c’est important de garder des connaissances gratuites et accessibles à tous. De plus, Youtube me permet de créer un personnage autour des timelapses, ce que les gens aiment bien et donc sont plus susceptible d’acheter un cours complet par la suite.
« Bouger le trépied entre chaque photo »
La photographie timelapse est une technique bien spécifique, c’est pour cela que j’ai aussi pris le temps d’en apprendre une autre assez similaire, les hyperlapses. La différence entre un timelapse et un hyperlapse est la façon dont ce deuxième est tourné. Un hyperlapse, le trépied est déplacé un petit peu entre chaque photo, alors qu’un timelapse, le trépied reste fixe tout le temps. Cela permet de créer un mouvement sur 50, 100 ou 200 m, voire plus. Cette technique ouvre de nouvelles possibilités et permet d’atteindre de nouveaux clients qui souhaitent des clips du genre.
Pour rester dans le monde des « stock footages », je fais également des plans aériens de villes. À deux reprises, faute d’avoir un drone, j’ai loué un hélicoptère, une bonne caméra vidéo et un stabilisateur pour tourner des clips de Los Angeles depuis les airs, que je vends par la suite sur les marketplaces. Les plans aériens étant plus durs à réaliser, sont souvent très populaires, il n’est donc pas difficile de rentrer dans ses frais.
Behind-The-Scenes de mon dernier tour en hélicoptère en Novembre 2017.
Les workshops et rencontres sont également une bonne idée pour rester actif avec les gens qui me suivent. Ils me permettent de les rencontrer et discuter des différentes techniques.
De plus, j’ai décidé d’ouvrir un groupe Facebook et un site (celui-là) consacré au monde du timelapse, pour rendre les gens encore plus curieux et réunir une communauté qui grandit dans le milieu.
Pour résumer …
Pour résumer, vivre des timelapses à plein temps est possible mais nécessite beaucoup de travail, de voyages et de patience. Après 7 ans dans le milieu et plus de 5 à les vendre, je vois enfin ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Mélangez la quantité à la qualité et à la variété pour pouvoir être repéré sur les marketplaces. Voyagez et créez vous un large portfolio.
Choisissez un sujet qui va plaire à un large public, comme des cityscapes ou des lieux connus.
Contactez des gens qui pourraient être intéressés par votre travail et toujours mettre un logo sur vos vidéos Youtube pour protéger votre création.
Développez vos réseaux sociaux comme Youtube et Instagram qui permettent de partager votre travail chaque jour. N’oubliez pas Facebook et Twitter pour réunir du monde autour de votre nom.
Soyez patient et ayez de la détermination. Travailler en freelance n’est pas facile, vous êtes votre propre boss, vous faites vos propres heures. Vous dépensez de l’argent sans même être sûr d’en gagner derrière, mais avec du travail de qualité, un large portofolio et une communauté qui vous suit, cela ne devrait pas trop être un problème.
Travailler à plein temps dans le monde du timelapse peut prendre des années, mais à la fin, si vous avez la passion qui va avec, tout cela vaut le coup et que des bonnes choses peuvent en sortir. Et le point positif dans tout ça, c’est que chaque clip créé peut être vendu pendant des années et des années et des années …