Créer des LUTs (Look-Up Table) avec Lightroom.

En général, lorsque je réalise des timelapses, j’ai l’habitude d’y appliquer un traitement quasi définitif. Cependant, ça me complique la tâche à l’étalonnage si je fais un montage de plusieurs clips avec des vidéos issues de différentes prises de vue. J’ai trouvé depuis peu une manière de procéder qui me fait gagner du temps. Je garde mes timelapses assez neutres et  je traite tout mon montage, dans Premiere, avec une LUT créée directement depuis Lightroom. Comme ça je n’ai plus qu’à réajuster quelques détails entre chaque clip pour avoir un bon étalonnage.

Utilisant Lightroom depuis plusieurs années, j’ai accumulé pas mal de presets que je crée lors de mes développements et je les réutilise souvent pour les suivants afin de gagner du temps. Cela me sert de base que je peux peaufiner en fonction du résultat souhaité. Maintenant, je peux faire la même chose avec mes montages vidéo dans Premiere et je vais vous expliquer comment y parvenir.

Tout d’abord il faut télécharger le logiciel IWLTBAP qui est gratuit, mais payant si vous souhaitez supporter les développeurs.

screenSite

Entrez votre email pour accéder au lien de téléchargement.

Ensuite on ouvre Lightroom et on va dans le module de développement. On va réaliser notre développement quasi final sur la première image de notre timelapse, avant même de passer par LRTimelapse pour développer toute notre séquence. Il faut par contre bien faire attention à ne pas utiliser tous les curseurs car ils ne sont pas tous compatibles avec les LUTs. Je vais vous montrer par étape comment procéder.

réglagesdebase

Voici le panneau « Réglages de base ».

Dans le panneau « Réglages de base » on peut modifier la Balance des blancs, l’exposition, le contraste, les hautes et basses lumières, les blancs, les noirs, la vibrance et la saturation, mais surtout pas la clarté, il faut la laisser à zéro.

courbes

On peut modifier la courbe des tonalités.

TSL

Également le panneau TSL.

virage

Puis celui du virage partiel.

Ensuite il faut décocher les panneaux « Détail », « Corrections de l’objectif », « Transformation » et « Effet ».

détail

effet

transformation

correction

Voilà, à présent nous avons un preset qui est compatible avec une LUT, nous allons tout d’abord le sauvegarder afin de gagner du temps pour les prochaines à réaliser.

preset

Pour sauvegarder un preset, allez dans « Développement » et « Nouveau paramètre prédéfini ».

Maintenant nous allons convertir notre preset Lightroom en une LUT qui sera compatible sur tous les logiciels de montage vidéo acceptant le format « .cube « .

Pour ça on ouvre le logiciel précédemment téléchargé IWLTBAP LUT Generator. Cliquez sur le point d’interrogation en haut à droite et choisissez « 3D LUT 64 ».

LUT64

Cliquez sur le point d’interrogation et la fenêtre des préférences s’ouvre.

Ensuite vous devez générer une image, en cliquant sur « Generate a HALD », c’est une image au format .png sur laquelle on va appliquer notre preset.

hald

Cliquez sur ce bouton, sauvegardez cette image et importez la dans Lightroom.

presetLUT

Appliquez le preset précédemment créé sur cette image.

Une fois le preset appliqué, vous pouvez exporter cette image en .jpeg sRVB et sans redimensionnement, ni ajout de netteté.

exportLUT

Exportez l’image en JPEG sRVB.

Maintenant nous pouvons convertir cette image .JPEG au format .CUBE, retournez dans IWLTBAP LUT Generator, cliquez sur « Convert to CUBE » et choisissez l’image.

cube

Cliquez sur le bouton et choisissez votre JPEG, il le convertit automatiquement en .CUBE.

Voilà, nous avons notre LUT au format .CUBE qui est créé et nous pouvons l’importer dans la majorité des logiciels de montage vidéo. Voici un exemple avec Adobe Premiere :

Ouvrez Premiere avec votre séquence ou votre montage et créez un nouveau calque d’effets dans l’onglet projet.

PremiereCalque

Cliquez sur l’onglet Projet à gauche, puis sur l’icône « Nouvel élément » en bas à droite et choisissez « Calque d’effets ».

Glissez ensuite ce calque au-dessus de votre montage et ajoutez-y l’effet « Couleur Lumetri ».

PremiereLumetri

Cliquez sur l’onglet « Effet » en haut, cherchez l’effet « Couleur Lumetri » et glissez-le sur le calque d’effets.

Dans « Couleur Lumetri », ouvrez l’onglet « Créatif » et sélectionnez « Look » et ensuite « Parcourir », puis allez chercher votre LUT => fichier « .CUBE ».

PremiereLook

Cliquez sur le menu déroulant dans « Look » et sélectionnez « Parcourir ».

PremiereLook2

On peut également régler l’intensité de notre LUT.

Voilà, à présent notre LUT peut être appliquée sur tout le montage, on peut même ajuster son intensité et régler encore d’autres paramètres si nécessaire.

Et si vous voulez gagner un peu de temps, vous pouvez placer vos LUTs dans le dossier Adobe adéquat :

Pour Windows : \Program Files\Adobe\Common\LUTs\Creative

Pour Mac : /Library/Application Support/Adobe/Common/LUTs/Creative

Tutoriel pour réaliser un Timelapse en infrarouge

Théorie et matériel

Dans ce tutoriel, je vais vous montrer ma manière de procéder pour réaliser un timelapse en infrarouge et surtout le matériel qu’il est nécessaire d’avoir. Je ne vais pas trop m’éterniser sur la théorie, mais je vais la survoler afin d’aborder quand même quelques bases.

© elementschimiques.fr

Nos yeux captent les ondes de 380 à 780nm environ, c’est ce qu’on appelle le spectre visible. Les capteurs de nos appareils photos par contre sont plus sensibles, mais ils ont un filtre devant qui bloque les proches infrarouge, on appelle ce filtre un IR cut ou hot mirror. En le remplaçant par un autre filtre on pourra capter des rayonnements jusque-là invisibles.

Il y a plusieurs possibilités lors d’un défiltrage, on peut remplacer le hot mirror par un filtre transparent ce qui nous fera un appareil « Full Spectrum » ou bien on peut mettre un filtre qui a une certaine longueur d’onde, par exemple 590, 720 ou encore 850nm. La première option est probablement la meilleure car elle vous permet d’avoir un appareil polyvalent. Il vous suffira d’ajouter vos filtres infrarouges ensuite sur vos objectifs, en fonction du rendu que vous souhaitez et vous pourrez toujours l’utiliser en visible, avec un filtre hot mirror externe, ainsi qu’en astrophotographie pour capter plus de couleurs dans le ciel profond.

Cela reste une opération relativement risquée si on souhaite la réaliser soi-même, mais le site Life Pixel propose des tutos bien pratique pour de nombreux boitiers.

Sinon, il y a des professionnels qui vous proposent de le faire, par exemple :

Maintenant parlons des objectifs car ceux-ci ne sont pas tous compatibles à l’infrarouge. Certains génèrent un hotspot au milieu de l’image ce qui les rend inutilisables. Il y a une liste détaillée sur le site Kolari Vision.

Finalement les filtres. C’est comme pour les filtres ND, il vaut mieux acheter de la qualité afin d’éviter les mauvaises surprises. Les sites cités au-dessus proposent de l’excellente qualité. Ce qui importe donc c’est la longueur d’onde pour le rendu que l’on souhaite :

A 590nm la végétation est particulièrement colorée et le ciel un peu plus contrasté.

A 720nm la végétation devient blanche et le ciel fortement contrasté et légèrement coloré.

Puis au-delà, ici 950nm, l’image devient monochrome avec une végétation très blanche et un ciel noir profond.

Tous ces exemples sont des images développées et traitées.

La prise de vue

A présent que nous avons tout le matériel nécessaire, nous allons voir la prise de vue. On s’installe sur trépied, intervallomètre connecté, on visse notre filtre IR + ND au besoin et on commence à composer. Il est fortement conseillé de travailler en liveview, car on peut déjà avoir une idée du rendu et la mise au point se fait ainsi plus précisément. En effet, nos appareils et les autofocus sont calibrés à environ 500nm, donc il y a un décalage si on fait une mise au point via le viseur optique.

Pour commencer, on doit réaliser une balance des blancs personnalisée pour être au plus proche du résultat souhaité, afin de correctement exposer nos images. Pour ce faire, on réalise une première image sur du feuillage par exemple, puis on va dans le menu de la balance des blancs, on sélectionne « personnalisé », puis l’image que l’on vient de faire. Le boitier génère automatiquement une balance adaptée et ensuite il ne faut pas oublier de la sélectionner. Cette opération est à refaire si l’on change de filtre.

                  

L’exposition est très importante en IR, il ne faut pas exposer à droite comme on le préconise pour le spectre visible, mais au ¾ de l’histogramme environ. Donc n’hésitez pas à vérifier une fois la photo faite, sur l’histogramme RGB pour voir où se situent vos canaux, principalement le rouge.

Voilà nous sommes prêts pour lancer la première séquence.

Le post traitement

Après avoir importé notre séquence dans Lightroom, nos images redeviennent plus rouges que l’on pouvait voir sur l’écran de notre appareil, ne vous inquiètez pas c’est normal. Lightroom est bloqué à 2000K, alors que notre BDB personnalisée descendait plus bas.

Pour y remédier on peut soit exporter une première fois notre séquence en .tiff 16 bits après un passage dans LRTimelapse et réajuster la BDB de nouveau, soit créer un nouveau profil de notre appareil et c’est ce qu’on va voir ici.

Il vous faut d’abord le logiciel DNG Profile Editor, pour Windows ou pour Mac.

Ensuite il faut exporter une image de votre séquence en DNG.

On l’ouvre dans DNG Profile Editor « File => Open DNG Image (Ctrl + O)», on sélectionne l’onglet « Color Matrices » en haut à droite et on descend la température à -100.

C’est tout, maintenant on exporte le nouveau profil «File => Export Canon/Nikon/… profile… (Ctrl + E)» de notre appareil, dans le dossier normalement proposé par défaut. Si ce n’est pas le cas, il vous faut le retrouver en regardant l’arborescence ci-dessous et faîtes apparaître les dossiers cachés au besoin.

Redémarrez Lightroom pour qu’il prenne en compte ce nouveau profil, attention il n’est disponible seulement pour l’appareil avec lequel vous l’avez créé, donc vous devez créer autant de profil que vous avez d’appareil modifié.

A partir de maintenant on peut traiter notre séquence via LRTimelapse, comme vous en avez l’habitude en n’oubliant pas, bien évidemment, de sélectionner ce nouveau profil.

Puis faites la BDB avec la pipette sur des végétaux et quelques retouches selon votre goût, mais ne poussez pas trop les curseurs.

Donc une fois votre développement effectué, vous pouvez exporter vos images en jpeg ou en tiff dans un nouveau dossier.

Nous importons maintenant notre séquence dans After Effects pour réaliser les dernières modifications. Faites comme vous avez l’habitude, stabilisez, enlevez les dernières poussières, puis on va appliquer l’effet « Mélangeur de couches » dans « Effet => Correction colorimétrique => Mélangeur de couches ».

Voici, à gauche, les réglages par défaut et, à droite, les réglages que vous devez modifier. Faites bien attention à recopier correctement les bonnes lignes.

          

C’est une inversion des canaux bleu et rouge pour récupérer un ciel bleuté. Voilà une fois à ce stade votre clip infrarouge est terminé, vous pouvez encore peaufiner votre traitement ici sur AE ou garder un clip relativement flat et vous occupez de la colorimétrie finale sur votre logiciel de montage.

 

Voici le rendu final !